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Vivement critiquée par le Parti socialiste lorsqu'elles étaient décidées sous les gouvernements de droite, les gels et baisses des dotations budgétaires aux collectivités locales continuent de plus belle, mais n'affectent pas les gigantesques investissements liés aux travaux du "Grand Paris", qui nousn sont présnetés comme principalement auto-financées par les collectivités et entreprises d'Île-de-France. Que peut-on en penser ?

Vivement critiquée par le Parti socialiste lorsqu'elles étaient décidées sous les gouvernements de droite, les gels et baisses des dotations budgétaires aux collectivités locales continuent de plus belle, mais n'affectent pas les gigantesques investissements liés aux travaux du "Grand Paris", qui nousn sont présnetés comme principalement auto-financées par les collectivités et entreprises d'Île-de-France. Que peut-on en penser ?

Nous avons vu dans un article récent que le Grand Paris Express (gigantesque extension et modernisation du métro francilien, représentant seulement une partie des investissements liés au Grand Paris) allait produire autour de 70 milliards de retombées économiques, pour environ 30 milliards d'investissements.

Certaines collectivités ont bien de la chance !

Leurs élus - et les représentants de la Société du Grand Paris, qui suit pour eux le dossier - ne manquent pas une occasion de nous expliquer que les collectivités et entreprises d'Île-de-France financent elles-mêmes, pour l'essentiel, ces programmes, et qu'il n'est par ailleurs pas anormal qu'une région qui génère, selon eux, 30 % du produit intérieur brut français, bénéficie d'investissements qui - de ce fait même - bénéficient à tout le pays.

C'est très exagéré, pour ne pas dire plus.

Acceptons pour l'instant que Paris "génère" 30 % du PIB français.

Remarquons à côté qu'un peu moins de 50 % de la TVA et un peu plus de 50 % de l'impôt sur les sociétés perçus en France sont collectés par les services franciliens du Trésor. Cela n'est possible que parce que les sièges des entreprises et sociétés concentrent à Paris un flux de chiffres d'affaires et de bénéfices qui dépasse largement la part "parisienne" de la production (30 % pour l'instant). Or c'est à ce stade de la concentration des flux financiers que sont distribués les plus hauts salaires et la plus grosse masse des dividendes. Sur des fonds produits ...par toute la société française.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que ces masses de hauts salaires et de gros dividendes, auxquelles on peut ajouter les bénéfices et salaires tirés de la gestion de services financiers, d'assurances, ou de gestion de patrimoines, sont intégrées au produit intérieur brut (PIB) de l'Île-de-France.

Et c'est ce qui m'a permis de dire, ailleurs, que si on divisait par deux les dividendes versés à Liliane Bettencourt et à quelques dizaines de consorts, on observerait un net recul du PIB francilien !

Du coup, loin d'être une "locomotive" de la production française, l'Île-de-France financière en est le plus gros boulet... S'il y a une urgence, ce n'est donc pas d'encourager encore plus la concentration des transports, des activités, des emplois, des ressources et des patrimoines1 en Île-de-France, mais d'en contrôler sévèrement la croissance et de chercher les meilleurs moyens de ne pas concentrer tous ces flux vers Paris. C'est - sur le plan économique - l'un des avantages les plus clairs de la réunification (solides axes transversaux internes et externes ).

  • Pour celles et ceux qui veulent approfondir, le diagramme simplifié ci-après des circuits économiques, tiré d'un manuel Hatier de 2005 dont je n'ai pas les références précises, permet de se familiariser un peu avec la notion de produit intérieur brut et avec sa composition. Les indications en rouge de ma main.
  • On ne sait mesurer directement ni le travail ni le capital matériel (flux 1a), et il faut se rabattre sur leur valeur en monnaie :euros, dollars, yens... : (flux 1b). Comme on peut le constater, la "valeur" de la production cumule alors les montants des salaires, des intérêts et des dividendes versés. Le PIB, calculé sur ces bases par la comptabilité nationale, les cumule donc aussi, et c'est ainsi que les fameux "30 % du PIB" attribués à l'Île-de-France comprennent les dividendes et intérêts perçus par Liliane Bettencourt et les hauts dirigeants des secteurs public et privé résidant dans la région.
  • On obtient normalement le même chiffre de "production" en s'intéressant aux montant des ventes (flux 2a et 2b) ou des achats (flux 3a et 3b).

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(1) - Les seuls deux départements de Paris et des Hauts-de-Seine paient 37 % de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF).

Grand Paris et centralisation financière : la crise  ne touche pas tout le monde de la même façon...
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