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La barbarie de la sanction fut condamnée notamment par Voltaire : « Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d'un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d'esprit et d'une grande espérance, mais ayant toute l'étourderie d'une jeunesse effrénée, fut convaincu (4) d'avoir chanté des chansons impies, et même d'avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d'Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu'on lui arrachât la langue, qu'on lui coupât la main, et qu'on brûlât son corps à petit feu ; mais ils l'appliquèrent encore à la torture pour savoir combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête. »

La barbarie de la sanction fut condamnée notamment par Voltaire : « Lorsque le chevalier de La Barre, petit-fils d'un lieutenant général des armées, jeune homme de beaucoup d'esprit et d'une grande espérance, mais ayant toute l'étourderie d'une jeunesse effrénée, fut convaincu (4) d'avoir chanté des chansons impies, et même d'avoir passé devant une procession de capucins sans avoir ôté son chapeau, les juges d'Abbeville, gens comparables aux sénateurs romains, ordonnèrent, non seulement qu'on lui arrachât la langue, qu'on lui coupât la main, et qu'on brûlât son corps à petit feu ; mais ils l'appliquèrent encore à la torture pour savoir combien de chansons il avait chantées, et combien de processions il avait vues passer, le chapeau sur la tête. »

Que la liberté d'expression, incluant celle de la presse, soit en jeu dans la drame du 7 janvier est une évidence.

Mais à focaliser la mobilisation sur la liberté d'expression, on risque de passer à côté de l'essentiel.

La liberté d'expression est en effet une liberté relative, qui s'exerce dans le cadre des lois. Ainsi, la liberté d'expression n'ouvre pas un boulevard à la diffamation, à l'appel au meurtre ou à la discrimination, à l'apologie de la violence, au racisme, au sexisme, à la consommation de produits toxiques, etc. Et c'est tant mieux.

Institués par la loi elle-même ou par la jurisprudence1, ces garde-fous restreignent au demeurant moins la liberté d'expression qu'elles ne la crédibilisent et donc la confortent. Une presse respectueuse du droit est d'autant plus respectable.

Cette approche met en relief, en contrepoint de la revendication d'un droit, l'importance et la nécessité du respect du droit.

Il n'est pas inconcevable d'imaginer - et cela s'est vu plus d'une fois ! -que des croyants s'estimant - à tort ou à raison - victimes d'un propos ou d'un dessin saisissent la justice en vue de faire cesser ce préjudice ou d'en obtenir réparation. C'est l'ordre normal des choses dans un État de droit.

Et ce qui est a contrario inadmissible dans un État de droit, c'est que des particuliers substituent leur appréciation à celle des juges et se fassent eux-mêmes les instruments de leur justice.

La qualité de la mobilisation n'aurait pas perdu à cette approche-là, les incompréhensions qu'on a pu relever ici ou là n'en auraient atténué ni le sens ni l'effet, au contraire.

L'occasion est peut être encore bonne à saisir de faire progresser cette notion d'État de droit (et la laïcité qui la rend accessible à tous !)  là où c'est nécessaire, comme c'était manifestement le cas en 1766 dans le doux Royaume de France.

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(1) - Jurisprudence - interprétation du droit par les tribunaux à l'occasion de leurs décisions.

Tag(s) : #Justice, #Société, #Discriminations
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