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Hans Tietmeyer, président de la Deutsche Bundesbank de 1993 à 1999, est un des grands inspirateurs de l'ordolibéralisme

Hans Tietmeyer, président de la Deutsche Bundesbank de 1993 à 1999, est un des grands inspirateurs de l'ordolibéralisme

L'ordolibéralisme, auquel le Monde diplomatique daté du mois d'août consacre un long article, est la "doctrine" économique quasi-officielle des institutions européennes d'aujourd'hui. HansTietmeyer en est un des inspirateurs et des représentants les plus indiscutés, et le promoteur de la version de l'économie sociale de marché qui prospère dans les mêmes sphères politico-financières et au-delà.

M. Tietmeyer a présidé naguère un cercle de réflexion1 : l'Initiative pour une nouvelle économie sociale de marché, qui lutte notamment :

. contre le soutien public aux énergies renouvelables,

. contre l'impôt sur le patrimoine,

. et contre le salaire minimum légal.

On voit tout de suite que, pour ce courant de pensée, la concurrence "non faussée" est une préoccupation plus impérative que le progrès social et que, s'il y a des barrières protectrices à faire tomber, ce ne sont pas celles qui favorisent la croissance durable des grandes fortunes.

M. Tietmeyer déclarait d'ailleurs au Monde, en septembre 1993 :

«L'enjeu, aujourd'hui, c'est de créer les conditions favorables à une croissance durable et à la confiance des investisseurs. Il faut donc contrôler les budgets publics, baisser le niveau des taxes et impôts jusqu'à leur donner un niveau supportable à long terme, réformer les systèmes de protection sociale2

Suivent des critiques des systèmes de protection sociale et des "rigidités du marché du travail". Pour l'économiste allemand : "Une nouvelle phase de croissance ne sera atteinte à nouveau que si nous faisons un effort de flexibilité sur le marché du travail".

Le sociologue Pierre Bourdieu, qui commentait le 25 octobre dans Libération les propos de M. Tietmeyer publiés par Le Monde, souligne l'habileté rhédorique du "nous", qui évite à Tietmeyer de dire honnêtement : "Courage, travailleurs, tous ensemble, faisons l'effort de flexibilité qui vous est demandé".

Voici quelques lumières sur la pensée de ceux qui gouvernent aujourd'hui l'Europe.

Pour dépasser cette première approche, ceux qui en ont la possibilité pourront se procurer le dernier Monde Diplomatique pour lire l'article "L'ordolibéralisme allemand, cage de fer pour le Vieux Continent" et consulter sur Internet le très bon texte de Pierre Bourdieu dans Libération.fr du 25 octobre 1996. Il est toujours bon d'en savoir plus sur ceux qui voudraient penser pour nous et inspirent visiblement une bonne partie de notre classe politique.

____________________

(1) - L'article analysé emploie l'expression "think tank".

(2) - Cité le 25 octobre par Pierre Bourdieu dans sa réaction publiée par Libération.

Tag(s) : #Economie, #Europe, #Inégalités
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