Indépendance, autonomie : revendication de région riche ?

Défilé massif à Barcelone en faveur de l'indépendance de la Catalogne.

Le bon résultat obtenus le 27 septembre par les partis favorables à l'indépendance de la Catalogne suscite en France des réactions intéressantes. L'un des thèmes les plus prisés des commentateurs jacobins, après avoir tenté de relativiser ce succès, dont une participation exceptionnelle au vote confirme au contraire la signification, est d'insister sur le fait que la Catalogne est une région plutôt prospère, dont l'aspiration à l'indépendance exprimerait en réalité un égoïsme de riche.

La pauvreté justifierait-elle donc davantage la revendication ?

Au long de ma vie de Breton autonomiste, combien de fois pourtant ai-je entendu des réflexions comme celle-ci : "La Bretagne autonome, mais vous n'avez pas les moyens !". Et d'insister lourdement sur notre économie de pommes de terre et de cochons ! Les choses ont un peu évolué depuis les années cinquante ou soixante, mais on sent bien que, de toutes façons, riche ou pauvre, la Bretagne n'a pas droit à l'autonomie. Et ne parlons pas d'indépendance !

Je suggère à ces critiques (mal) éclairés de faire tourner leur logiciel dans l'autre sens : qu'est-ce qui pousse donc, en France, la région la plus riche à rejeter toutes les revendications (décentralisation poussée, fédéralisme, etc) ?

Serait-ce donc le souci honorable d'éviter des comportements égoïstes de certaines régions ? Et permettre au bout du compte un meilleur équilibre des richesses sur le territoire ?

Si tel était le cas, trouverait-on, dans un régime de centralisation absolue (en tendance, comme on parle de monarchie absolue) les différences de patrimoine, de revenus, d'accès à la culture, à l'éducation, à la santé, au pouvoir, aux transports, qu'on trouve en France ? Évidemment non.

Force est donc de constater que la région qui bénéficie le plus de cette centralisation absolue tire profit de la situation de dépendance des autres régions.

Dire que l'égoïsme est le moteur des aspirations à l'autonomie ou à l'indépendance est faire - notamment - une monumentale impasse sur les vrais moteurs de la centralisation française, qui légitiment ces aspirations des régions. Riches ou pauvres, la centralisation les met au service des mieux lotis.