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BARON Yannick-recQue les grévistes de la faim opposés à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes me pardonnent, mais leur mouvement me fait - d'expérience - penser à un vol aérien : ses deux moments les plus délicats sont le décollage et l'atterrissage...

Au décollage, il faut s'arracher aux habitudes et contraintes de la vie quotidienne, parfois aux siens, ce qui n'est pas toujours simple. Et puis il faut, pendant deux ou trois jours, subir les réclamations de l'horloge biologique : ce qu'on appelle communément "la faim" sous nos latitudes heureuses, et qui a peu à voir avec "la faim dans le monde". "

Après, sauf fragilité particulière, commence une longue période au cours de laquelle on se sent tout simplement bien. A condition de ne pas produire d'efforts trop consommateurs d'énergie, on peut avoir une activité à peu près normale. Après quinze jours de grève, une jeune médecin de prévention m'avait dit : "Je parie que vous vous sentez mieux ?". Et je n'avais pu qu'acquiescer.

Le côté indolore de la grève de la faim peut se poursuivre encore plusieurs semaines, et l'activité aussi, qu'il faut bien sûr adapter progressivement.

Le corps, pendant ce temps, se nourrit sur ses propres tissus. Pendant environ trois semaines, il puisera uniquement dans les réserves des tissus musculaires. Puis - c'est là que les risques sérieux s'annoncent - il va progressivement puiser dans des tissus plus "nobles" : ceux d'organes comme le foie ou le cerveau, à un rythme variable selon les individus. Alors commencent aussi la possibilité, puis la probabilité, de séquelles. Certains dépasseront sans dommage quarante jours de jeûne, d'autres non.

Grève Faim MF OF910325Le problème est qu'on ne "sent" pas le mal, et que, du coup, l'ambiance généralement conviviale et militante qui entoure les grévistes peut les pousser sans frein physique à "aller jusqu'au bout" dans le tentative de culpabiliser l'adversaire et de le faire céder.

C'est cette phase d'atterrissage qui peut être le plus difficile moment d'une grève de la faim. Elle doit être gérée en toute connaissance de cause et en toute responsabilité.
J'avais pour ma part pu m'arrêter après 23 jours, satisfaction partiellement obtenue. Mais il serait trop simple que ce soit une règle générale !

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Illustration : En haut, Yannick Baron, qui a engagé plusieurs longues grèves de la faim, notamment pour l'enseignement du et en breton, avait notamment tenu 38 jours en 1990. - En bas, souvenir, souvenir : fin de la manifestation marquant la fin de ma grève (environ 500 personnes auprès du monument fermant le cours des 50 otages). Cliquez sur l'image pour voir l'e titre de la page d'Ouest-France et les deux illustrations de l'article).

Tag(s) : #Santé
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