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Marais de CouëronUn taux de 98 % de surface humide dans le périmètre du futur aéroport de N.-D. des Landes ? Le chiffre a soulevé l'incrédulité de personnes beaucoup plus compétentes que moi dans ce domaine. Un ingénieur agronome, spécialiste des questions environnementales, familier des chantiers d'identification des zones humides, m'écrivait récemment que dans des territoires de ce type, fréquents en Bretagne, les pourcentages étaient généralement compris entre 15 et 25 %.

La commune de Bouaye affiche 20 % de zones humides, Saint-Joachim 35 %, Indre 75 %. Dans ces trois communes, ces taux correspondent essentiellement, pour Bouaye, à la partie de la commune riveraine du lac de Grand-Lieu, pour Saint-Joachim à sa situation au coeur de la Brière et, pour Indre, aux prairies des bords de Loire inondées au moins une partie de l'année, qu'on retrouve tout au long de l'estuaire (photo : marais de Couëron).  Le profane - ne parlons ici que de lui - n'a pas de mal à comprendre, dans ces différents cas de figure, de quoi l'on parle. L'eau se voit ou se devine dans le paysage. souvent au pied des roseaux.

Unité paysagère des Grandes MaraisLes grandes zones de marais sont clairement identifiées dans le département (carte ci-contre). A celles déjà citées s'ajoutent notamment les marais de Vilaine, la plaine de Mazerolles, les marais de Goulaine et ceux de Bourgneuf et le Marais breton, plus diffus mais dont les ramifications sont bien perceptibles dans le Pays de Retz1.

Dans le cas de Notre-Dame, il est clair qu'on n'est pas dans le même type de paysage, ni dans le même type d'humidité ! Mais aussi qu'on n'a pas mesuré les mêmes choses... A lire le rapport des experts sur les mesures de compensation, il n'est pas très difficile de comprendre qu'ils n'ont eux-mêmes pas trouvé réponse à leurs interrogations sur ce dernier point. On sursaute tout de même un peu en lisant :

 

"On peut regretter que l’étude piézométrique2 réalisée uniquement sur la zone de la desserte routière, n’ait pas fait l’objet de mesures de qualité de l’eau et que l’étude de la qualité des eaux de surface sur la zone de l'aéroport n’ait pas été accompagnée de mesures hydrologiques.

 Au regard de ces éléments, l’évaluation des impacts du projet sur la qualité des eaux et sur les zones humides (de plateau ou associées aux cours d’eau) ne peut être effectuée en l’absence d’un état initial précis.", et plus loin :

"Ainsi, l’absence d’une analyse pédologique3 rigoureuse du secteur ainsi que de données quantitatives sur les débits et de suivis piézométriques sur quelques années hydrologiques, ne permet pas aux maîtres d'ouvrage d’évaluer précisément les fonctions hydrologiques des zones humides, qu’elles soient de plateau ou liées aux cours d’eau."

 

Si, comme le reconnaissent les experts, la problématique des méthodes de compensation reste balbutiante, la méthodologie des mesures fait l'objet de publications depuis plus de quinze ans, à commencer par les fiches et guides du Forum des Marais atlantiques, basé à Brest, qui font autorité dans le domaine. Les mesures faites à Notre-Dame ont-elles été suffisamment nombreuses et adaptées à la diversité du terrain ? Une mesure unique dans chaque carré d'un hectare correspond-elle à l'état de l'art évoqué plus haut ? Il semble que non. 

Cela est-il exact ? Et peut-on se prononcer sur des mesures compensatoires quand la connaissance de l'état initial des lieux baigne dans le brouillard ?

Si la Commission du Dialogue a pulvérisé l'accusation répétée à satiété de projet "pharaonique, inutile et dépassé d'élus mégalomaniaques", il serait peu glorieux de voir la réalisation retardée ou a fortiori condamnée par la volonté de ...gagner du temps...! Qu'en disent les maîtres d'ouvrage ? Ont-ils voulu aller trop vite ? Se sont-ils fait avoir ? Les responsabilités devraient alors être clairement établies.

Allez, le pire n'est pas toujours sûr, les recherches continuent...

____________________

(1) : et se prolongent d'ailleurs au nord de la Vendée, où existe une délicieuse "Communauté de communes du Marais breton vendéen".

(2) : mesure de la saturation en eau (en hauteur, surface ou profondeur).

(3) : connaissance de la formation et de l'évolution des sols.

Tag(s) : #Écologie
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