Banques, transports, télé... en “province”, la France coupe tout ce qui dépasse

Contre tout ce qui favoriserait sa multipolarité, la France sort son arme de choix : la tronçonneuse

Le Crédit mutuel Arkéa, constitué autour du Crédit mutuel de Bretagne, souhaite conserver sa capacité d'innovation et d'organisation au service prioritaire de ses adhérents, et prendre son indépendance vis-à-vis de la Confédération nationale du Crédit mutuel (CNCM). Il s'agit pour lui d'échapper à l'emprise centralisatrice croissante de cette dernière, qui aboutit à des situations de concurrence et à des choix qui échappent aux critères de l'intérêt régional.

Je suis stupéfait de certaines réactions hostiles à cette volonté d'autonomie. Cofondateur du site d'information Médiapart, L'économiste Laurent Mauduit s'est y livré ces derniers jours à des attaques en règle contre cette volonté, qui serait contraire à la tendance générale à la concentration bancaire, jouerait du régionalisme de façade au profit de l'ambition de ses propres dirigeants, dont Mauduit souligne lourdement à ce propos la qualité d'inspecteurs des finances, comme le sont aussi les dirigeants de la CNCM. Plus surprenant, la Banque centrale européenne et l'Autorité bancaire française adossée à la Banque de France, contestent la possibilité pour le Crédit mutuel Arkea d'être supervisé par elles indépendamment de la CNCM, ce qui revient à contester juridiquement le droit à l'autonomie du groupe breton. Il est clair qu'en réalité, c'est une décision politique qui est à prendre, et c'est ce que demandent de nombreux élus bretons, dont douze sénateurs il y a peu.

Ne nous laissons pas berner par les arguties juridiques ou techniques : qu'il s'agisse de la banque, du transport ferroviaire, terrestre ou aérien, comme des chaînes de télévision, des grands projets d'aménagement, de la culture et bien d'autres domaines, il y a un invisible mur périphérique de béton qui réserve à Paris et à l'Île-de-France la maîtrise et le bénéfice de l'espace et des moyens. D'un côté tout est possible, de l'autre seulement modestes projets qui ne remettent pas en question la suprématie de la capitale...

Et pendant que des élus fascinés supplient qu'on relie "la province" à Paris à toute vitesse et à tout va, au détriment des liaisons locales et du tissu qu'elles innervent, les profits parcourent le même trajet, mais toujours dans le sens province-Paris...