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(Photo extraite d'un article paru le 6 juin dernier dans le journal La Tribune)
Le Grand Paris est sur les rails depuis 2012, avec la construction en cours du Grand Paris Express pour connecter notamment Saclay et la Défense à Roissy et Orly, les sept pôles supplémentaires de développement prévus autour de Paris et la construction de 1,75 millions de logements pour accueillir 3 à 4 millions de nouveaux habitants en vingt ans.
L'accélération des dessertes radiales de Paris bat son plein, avec notamment la construction en cours des éléments à grande vitesse de lignes telles que Paris - Rennes et Paris - Bordeaux.
Côté transport aérien, tout baigne aussi. Les installations d'Orly vont être totalement rénovées, et le PDG d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet, pouvait annoncer tranquillement le mois dernier au journal La Tribune 40 millions de passagers supplémentaires par an pour le trafic de Roissy, grâce à la construction d'un nouveau terminal "colossal" d'ici dix ans.
Et pourquoi prévoir ces 40 millions de passagers supplémentaires à Roissy ? La réponse de Romanet est limpide : "Ma priorité est de renforcer notre attractivité pour attirer le trafic à Paris. Le principal objectif d'une entreprise est de créer de la richesse pour ses clients, les territoires qui sont autour, ses actionnaires et ses collaborateurs". Vous avez bien compris qu'il s'agit de l'intérêt local de l'Ile-de-France et des intérêts particuliers liés à Aéroports de Paris. Les passagers bretons et circumvoisins n'ont d'intérêt que s'ils rapportent de l'argent en passant par Paris.
Alors pourquoi se priver ? les pouvoirs publics ont mystérieusement renoncé à calmer de monstre. Le grand Paris et ses dessertes intérieures et extérieures fourniront les moyens techniques d'aspirer-recycler les flux de passagers. Les rares nids possibles de concurrence en "province" sont ankylosés par une contestation locale soutenue en sous-main par les lobbies parisiens du transport. La presse est assagie par d’opportunes pleines pages ou demi-pages de publicité pour ADP, Air France ou ses filiales. Les collectivités locales sont bridées par la réforme restrictive de leur autonomie financière et de leurs compétences. Les régions construites autour des liaisons avec Paris - et qui ne peuvent que fusionner en gardant cette orientation - ne sont pas près de se mobiliser autour de projets tendant à rééquilibrer le territoire (on n'est pas près de faire Brest - Nantes ou Nantes - Rennes en train à plus de 75 km/h).
La réunification de la Bretagne, dont l'intérêt est précisément de pouvoir mobiliser des femmes, des hommes et des ressources pour sortir un peu du schéma tout-parisien, avec ses transversales propres et leurs prolongements, ne viendra donc pas des Jacobins.