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Le Campbeltown, navire rescapé de la première guerre mondiale, camouflé en destroyer allemand, vient de forcer à Saint-Nazaire la forme Joubert, que son explosion programmée mettra hors d'usage, privant les cuirassés allemands comme le Tirpitz de possibilités d'entretien-réparation dans l'Atlantique.

Le Campbeltown, navire rescapé de la première guerre mondiale, camouflé en destroyer allemand, vient de forcer à Saint-Nazaire la forme Joubert, que son explosion programmée mettra hors d'usage, privant les cuirassés allemands comme le Tirpitz de possibilités d'entretien-réparation dans l'Atlantique.

Dernière ville d'Europe libérée de l'occupation nazie, Saint-Nazaire se souvient évidemment des bombardements de 1942 (les plus meurtriers), et de 1943 (les plus destructeurs). Prolongée jusqu'au 11 mai 1945 par "la Poche", l'occupation du port breton et de ses environs au nord et au sud de l'Estuaire (voir carte en fin d'article) a aussi été marquée par des actes de résistance propres à sa situation, et des actions offensives alliées spectaculaires, telle que l'Opération Chariot dans la nuit du 27 au 28 mars 1942, conçue et réalisée par la marine britannique et qui, par son audace et son efficacité - mais au prix de lourdes pertes humaines - a sans doute apporté une contribution majeure à la supériorité alliée dans la guerre sur mer, où s'est largement joué le sort final du conflit : sans maîtrise de la mer, il n'y avait pas Débarquement possible.

Au début du printemps 1942, l'armée allemande de Rommel se déploie en Afrique, les États-Unis - qui viennent seulement de subir l'attaque japonaise de Pearl Harbour - ne sont pas encore entrés en guerre, mais fournissent par mer un soutien logistique à leurs alliés britanniques. Avec des cuirassés comme le Bismarck et le Tirpitz, l'Allemagne essaie de mettre en échec ce soutien et d'empêcher son probable développement. Mais il lui faut dans l'Atlantique un port capable d’assurer l'entretien et la réparation de tels navires. Avec la forme de radoub Joubert1 construite entre 1929 et 1932, le port breton de Saint-Nazaire est le seul capable de répondre à ces besoins.

Ce n'est pas du goût de Churchill. En charge des opérations spéciales, Lord Mountbatten envisage aussitôt de retirer aux Allemands la possibilité d'utiliser la forme de radoub nazairienne. C'est ainsi qu'est décidée et mise au point l'opération Chariot, sur la base notamment de renseignements transmis par la population locale.

Chargé d'explosifs, le vieux Campbeltown, déguisé en destroyer allemand, doit permettre d'atteindre cet objectif, en se jetant sur l'entrée de la forme Joubert, et en explosant un peu plus tard.

16 vedettes accompagnaient le Campbeltown, chargées de "commandos" britanniques chargés d'assurer à terre le bon déroulement de l'opération avant de reprendre la mer et de les rapatrier.

Sur le plan de l'objectif stratégique, l'opération fut un succès total, puisque la disposition des installations de Saint-Nazaire par la marine allemande fut impossible jusqu'à la fin de la guerre.

Plus de 400 militaires allemands perdirent la vie avec l'explosion du Campbeltown au cours de leur inspection des lieux.

Mais pour n'avoir pu atteindre certains objectifs secondaires, l'opération se solda aussi par la perte de plusieurs centaines de militaires britanniques, et la mort de civils nazairiens, dont certains pour avoir essayé de porter secours à des commandos britanniques ou de les cacher.

En 2012, le 70ème anniversaire de "l'Opération Chariot" a été l'occasion de manifestations émouvantes de mémoire et de solidarité, à l'initiative notamment du CREDIB et de l'Institut culturel de Bretagne.

Depuis, la mémoire de l'Opération Chariot est célébrée chaque année, dans une atmosphère qui fait une large part à l'amitié des Nazairiens et des survivants ou héritiers de l'Opération Chariot.

Faut-il ajouter que la dimension bretonne de cette mémoire et de la solidarité qu'elle montre est particulièrement bien perçue par nos amis britanniques, ce qui - hélas - ne plaît pas forcément à tout le monde...

Eh bien tant pis pour les grincheux. Ils ne sont pas utiles à certains niveaux de l'Histoire...

Rendez-vous le 28 mars 2015 à Saint-Nazaire pour cette cérémonie britto-britannique devant la jetée du Vieux Môle (où les pertes humaines du commando furent particulièrement lourdes). A 10 h 30, temps de recueillement suivi du dépôt en musique d'un bouquet de genêt, symbole de la terre bretonne.

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(1) - Du nom de Louis Joubert, ancien président de la chambre de commerce et d'industrie de Saint-Nazaire, décédé en 1930.
 

Le 28 mars à Saint-Nazaire : le souvenir vivant de "L'OpérationChariot"
Tag(s) : #Histoire, #Solidarités, #Réunification
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