Louis Kervarec, étranger dans les murs des ducs de Bretagne ?

 Nantais venus d'ailleurs, sûrement. Mais l'exposition a un sous-titre : Histoire des étrangers à Nantes au 20ème siècle. Alors, si Louis Kervarec est bien venu d'ailleurs, il n'était évidemment pas un étranger à Nantes, si les mots ont un sens. Le présenter ainsi dans une exposition installée dans les murs du Château des Ducs de Bretagne a choqué et continue de choquer beaucoup de visiteurs. Louis Kervarec a travaillé aux Ateliers et Chantiers de Bretagne, à Nantes. Une entreprise étrangère ?

On en entendu des explications embarrassées sur les différences de culture et de langue, les différentes acceptions possibles du mot "étranger". Hélas, Kervarec est le seul Nantais originaire d'un autre département métropolitain présenté dans l'exposition, à côté des Polonais, Italiens, Espagnols, Algériens,Vietnamiens... La volonté d'assimilation des Bas-Bretons à des étrangers dans ce sens-là est donc patente, et on comprend qu'elle puisse soulever l'indignation.

Les Bas-Bretons - comme les Kervégan, Rosmadec ou Laënnec, étrangers aussi ? - n'ont pas attendu l'industrialisation pour venir habiter Nantes, même si elle fut l'occasion d'arrivées plus importantes. Que certains Nantais se soient sentis étrangers, eux, à la culture et à la misère souvent de ces derniers compatriotes, et aient développé à leur encontre des attitudes de distance, voire de rejet est possible, mais c'est une toute autre question, qui mériterait à elle seule une exposition sur la manière de présenter la Bretagne aux habitants de son département le plus peuplé, ou d'occulter l'identité bretonne de la Loire-Atlantique dans la presse locale, curiosité étrangement ignorée ...par le Musée d'Histoire de Nantes. Quand on veut fabriquer des étrangers...

Dans un communiqué, la fédération départementale de l'UDB relaie le mécontentement dont beaucoup de visiteurs de l'exposition lui ont fait part, et regrette d'autant plus ce faux-pas qu'il fait tache dans une initiative de grande qualité par ailleurs. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elle suggère que l'expo fasse place à une notice rectificative.

Le communiqué est accessible par un "clic" sur l'une ou l'autre des illustrations.