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Marie Anne Hartmann (1856 - 1924), dite Marie Hart, écrivaine alsacienne, a raconté en son temps, en alsacien, la "re-francisation" de l'Alsace-Moselle. Un livre dont Yoran Embanner publie la traduction en français, moins "cool" que la légende jacobine.

Marie Anne Hartmann (1856 - 1924), dite Marie Hart, écrivaine alsacienne, a raconté en son temps, en alsacien, la "re-francisation" de l'Alsace-Moselle. Un livre dont Yoran Embanner publie la traduction en français, moins "cool" que la légende jacobine.

Ayant compris, avec le temps, que ce que la légende nationaliste française appelle "le mariage d'amour de la Bretagne et de la France", par référence très enjolivée au mariage d'Anne de Bretagne avec le roi de France Charles VIII, correspond en fait à une union forcée, imposée par traité à un pays militairement vaincu par un voisin doté de moyens très supérieurs, je me doutais un peu que le retour sous souveraineté française de l'Alsace-Moselle en 1918, après son annexion consécutive à la défaite de 1870, n'avait pas davantage correspondu à un retour unanimement et vivement souhaité par une population indéfectiblement attachée à la France de Louis XIV et des Bonaparte.

Il faut remercier les éditions Yoran Embanner1 de publier, sous le titre "Nos années françaises" l'édition en français de l'oeuvre de l'écrivaine et poète alsacienne, Marie Hart, témoin privilégié de l'époque. Marie Hart avait 14 ans lors de la défaite de 1870, et est morte six ans après la fin de la première guerre mondiale. Ouest-France de ce matin (1er août) reprend la présentation de l'ouvrage faite par l'éditeur, et on peut aussi en remercier notre quotidien régional pas toujours aussi ouvert à ces questions.

Marie Hart n'a rien d'anti-français, mais ce qu'elle vit et raconte sont les difficultés ordinaires de sa vie à cette époque. A 24 ans (douze ans après la défaite de 1870 !), elle avait épousé un ancien officier allemand, mais en 1918, 22 % des couples étaient en pareille situation de mixité. Elle est ainsi conduite à  déménager en Allemagne pour rejoindre son mari expulsé. Les fonctionnaires allemands et alsaciens sont remplacés par des "Français", etc...

Après la réannexion de 1940 et le "re-francisation" de 1945, et dans un contexte politico-idéologique évidemment différent, des situations comparables ont été vécues, et je me souviens des propos d'un collègue des Impôts ayant exercé en Alsace et qui me confiait que la version alsacienne des imprimés officiels avait, sur instruction, longtemps été cachée aux usagers pour décourager leur usage. Je ne sais pas si c'est toujours le cas.

Les dessous de la France jacobine sont toujours les mêmes, mais la vérité, parfois, se faufile dans l'actualité...

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(1) - Yoran Embanner71 Hent Mespiolet 29170 Fouesnant

Ces cartes d'identité, permettant notamment de classer les Alsaciens selon leurs liens familiaux avec l'Allemagne, ont permis au "commissions de triage" d'identifier et d'écarter (révoquer, destituer, souvent expulser, finalement) les Alsaciens suspectés d'être pro-allemands et de favoriser les ralliements intéressés.

Ces cartes d'identité, permettant notamment de classer les Alsaciens selon leurs liens familiaux avec l'Allemagne, ont permis au "commissions de triage" d'identifier et d'écarter (révoquer, destituer, souvent expulser, finalement) les Alsaciens suspectés d'être pro-allemands et de favoriser les ralliements intéressés.

Cette couverture du livre de Marie Hart n'est pas un document historique. Son mérite à mes yeux est de rendre visuellement compte de ce qu'a dû être à l'époque (années 1918 et suivantes) le sentiment d'un grand nombre d'Alsaciens pour lesquels l'étranger oppresseur n'était pas l'Allemand frère de langue, de culture et de tradition populaire, mais le militaire français qui se moque de leur accent et met en oeuvre ce qu'on appellerait aujourd'hui une politique d'épuration ethnique, génératrice d'insécurité, de dislocation des familles, etc. L'annexion de 1870 n'avait pas du tout laissé les mêmes souvenirs, et les Alsaciens avaient continué à se sentir chez eux. C'est pour moi une découverte, mais la lecture du livre de Marie Hart m'a conduit à l'accepter comme un pan d'Histoire ignoré.

Cette couverture du livre de Marie Hart n'est pas un document historique. Son mérite à mes yeux est de rendre visuellement compte de ce qu'a dû être à l'époque (années 1918 et suivantes) le sentiment d'un grand nombre d'Alsaciens pour lesquels l'étranger oppresseur n'était pas l'Allemand frère de langue, de culture et de tradition populaire, mais le militaire français qui se moque de leur accent et met en oeuvre ce qu'on appellerait aujourd'hui une politique d'épuration ethnique, génératrice d'insécurité, de dislocation des familles, etc. L'annexion de 1870 n'avait pas du tout laissé les mêmes souvenirs, et les Alsaciens avaient continué à se sentir chez eux. C'est pour moi une découverte, mais la lecture du livre de Marie Hart m'a conduit à l'accepter comme un pan d'Histoire ignoré.

Tag(s) : #Histoire, #Culture, #Centralisation, #Langues
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