Écologie politique : Robert Kempf quitte Le Monde

Entré au Monde en 1998 pour tenir la rubrique environnementale, Robert Kempf l'a quitté en août dernier, estimant notamment que le quotidien lui refusait de continuer à suivre le dossier de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Si de nombreux sympathisants des combats écologistes ont apprécié et apprécient toujours les analyses de Kempf, telles qu'il les exprime notamment dans son livre Comment les riches détruisent la planète (2007, Seuil, paru en collection poche en 2009), sa reprise dans des articles du Monde d'informations non vérifiées sur le nouvel aéroport de Nantes a pu en étonner plus d'un.

Ainsi en est-il :

     . de l'évocation de "2000 ha bétonnés", quand l'aéroport couvrira moins de dix fois cette surface,

     . de l'exemple cité par lui de l'exploitation en réseau des aéroports de Marseille et d'Aix-en-Provence, alors que ce dernier n'a aucun trafic commercial,

     . de sa critique des prévisions de trafic "exagérées" de la DGAC pour le trafic de Nantes-Atlantique, alors qu'elles sont régulièrement dépassées depuis leur formulation,

     . de sa prise en compte de "l'étude Deft" sur N.-D. des Landes, dont les opposants ont fait leurs choux gras en la présentant comme indépendante, alors que son comité de pilotage, présenté en p. 3 du "rapport" n'est composé que d'opposants notoires...

On peut comprendre que Le Monde ait demandé à R. Kempf de ne s'exprimer sur le sujet qu'en qualité de chroniqueur indépendant.

Ce n'est pas en l'occurrence une atteinte à la liberté d'expression, mais une limite posée à l'utilisation d'un titre de journal comme caution du sérieux d'une information, quand ce sérieux est précisément sujet à caution... 

Et le fait que le quotidien Le Monde ne soit pas lui-même exempt de critiques ne saurait permettre de le tenir quitte d'autres dérives !