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Même bricolé en quelques heures, avec le crayon dans une main et le téléphone dans l'autre, le "découpage Hollande" sauvegarde l'essentiel ...pour les élus jacobins...

Même bricolé en quelques heures, avec le crayon dans une main et le téléphone dans l'autre, le "découpage Hollande" sauvegarde l'essentiel ...pour les élus jacobins...

Les centaines de commentaires sur le "découpage Hollande" publiés ou entendus dans les médias ou dans les réseaux sociaux pèchent pour la plupart par le poids excessif qu'ils accordent aux surfaces et au population regroupées, ou à la position géographique de leur chef-lieu.

On y prête rarement attention à l'orientation des régions et à celles de leurs principaux axes de communication, ni aux pesanteurs ou aux dynamiques que ces orientations peuvent engendrer.

La superposition à la carte "Hollande" d'une carte des grandes lignes SNCF donne pourtant à réfléchir.

Toutes les régions, sans exception, ont pour axe principal une ligne rapide vers Paris, parfois plusieurs dans le voisinage de la capitale, alors directement reliée à deux ou trois pôles régionaux (Picardie-Champagne-Ardennes, Normandie réunifiée...), parfois dédoublées une ou plusieurs fois (Bretagne au Mans et à Rennes, Alsace-Lorraine, Auvergne-Rhône-Alpes...), parfois très latérale, pour contourner un massif montagneux ou longer une côte (Provence-Alpes-Côte d'Azur).

Il est clair que cette priorité aux liaisons rapides avec Paris n'a pas favorisé les liaisons intra ou inter-régionales orientées dans une autre direction que Paris. notamment dans l'Ouest : Brest-Quimper, Rennes-Nantes, Caen-Rouen manquent évidemment à l'appel.

Ne parlons pas des transversales plus longues : Brest-Nantes-Lyon ou Bordeaux... On a laissé les liaisons anciennes devenir obsolètes, et on est en train de les remplacer par des crochets par Paris, qui vont jusqu'à doubler le kilométrage parcouru. On arrive plus vite au bout, mais bonjour les terres éventrées sur des centaines de kilomètres et la consommation d'énergie quadruplée ou plus.

Le couplage du découpage des régions avec les routes de Paris (le réseau d'autoroutes s'éloigne assez peu des mêmes grands axes) a ainsi pour effet d'isoler les pôles régionaux les uns des autres et de fragiliser ou d'empêcher les activités qui pourraient se nourrir des flux transversaux. La centralisation du parcours Brest-Bordeaux a pour double effet d'anémier progressivement le tissu économique et social compris entre les branches Paris-Brest et Paris-Bordeaux et de priver toutes les activités alimentées - ou susceptibles d'être alimentées - par un parcours direct Brest-Nantes-Bordeaux de l'appui d'un flux plus dense passant sur tout  ou partie de l'itinéraire Quimper - Lorient - Vannes - Nantes - Niort ou La Rochelle. Cette situation mine en silence la santé des entreprises implantées dans ces villes ou à proximité, et s'inscrit en obstacle à l'implantation de nouvelles entreprises.

Et pendant ce temps, l'Île-de-France se prépare à accueillir trois ou quatre millions de nouveaux Franciliens. D'où pensez-vous qu'ils viendront ?

C'est comme ça que la centralisation, confortée par le découpage qui en protège les vecteurs, renforce d'année en année le déséquilibre "Paris-Province".

Remarquons au passage qu'à ce jeu-là, la fusion Bretagne - Pays de la Loire ne touche pas vraiment au fond des choses. Les axes majeurs sont les mêmes, et la probabilité d'une modernisation des axes internes évoqués plus haut n'est pas susceptible de retenir davantage l'attention.

A l'inverse, la Bretagne réunifiée n'aurait de cesse d'obtenir - ou de réaliser elle-même - ces modernisations, et d'améliorer du même coup, par Rennes et Nantes, ses accès au nord et au sud de la France et de l'Europe.

"Tout sauf ça ! communautarisme ! Repli identitaire !" se mettent aussitôt à scander les divas jacobines, contrastant avec le silence assourdissant d'élus tenus en laisse et de petits marquis qui craignent pour leur carrière.

Mais, comme on le voit, il s'agit en fait de tout autre chose1...

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(1) - Observons que la revendication d'une identité ou les références historiques n'impliquent nullemment le "repli" identitaire dont les cercles jacobins font un de leurs alibis anti-bretons préférés, tout en évitant soigneusement de l'illustrer. Il n'est pas rare que l'Histoire s'inscrive dans une réalité géographique qui créée et nourrit des affinités durables, qui n'ont rien d'un repli sur soi. Quand on les a rebaptisés "Société nationale de Sauvetage en Mer", on n'a rien ajouté à la disponibilité et à la solidarité sans borne des "Hospitaliers Sauveteurs Bretons"...

Tag(s) : #Réunification
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